L’affreux Jojo met les bouchées doubles
Scrogn | 25 mars 2007Je ne sais pas ce que j’ai fait au Bon Dieu pour avoir des affreux pareils. Ils sont en pleine rébellion, dès leurs premières couches, leurs premiers vagissements, leurs premiers biberons.
Mais pour une Reine-Mère telle que moi, il est de mon devoir bassement primaire de leurs inculquer quelques notions de savoir-vivre et de savoir-être. Bête, je suis. Bête, je sais.
J’ai tendance à paniquer lorsque je vois mes aînés (notamment), non pas manger leur repas mais l’engouffrer, quitte à se décrocher la mâchoire pour mettre le maximum d’aliments entre leurs babines. Et leur père n’est pas en reste. Logiquement, c’est de sa faute, encore une fois.
Mes affreux, malgré mes avertissements, prières, menaces, punitions quotidiennes semblent rétifs à toute forme de discipline. Mais comme je suis têtue, je persiste et signe. Mes origines bretonnes ont encore parlé. Et elles sont très bavardes, il faut le dire. C’est de ma faute encore une fois.
Je gouvernais le souper en tentant de faire régner l’ordre. Mon attention fut tout de suite attirée par l’Affreux Jojo qui s’empiffrait avec l’énergie du désespoir. Les bajoues de mon petit bonhomme étaient prêtes à éclater et son visage violacé ne me laissait guère de doute sur l’absence de sa mastication.
» Dis, Affreux Jojo de mon coeur, je suis sûre d’avoir lourdement insister sur la nécessité de bien mâcher avant d’avaler »
» Bwoui, bwabwan – G-g-g-glurps ! »
» Et tu ne veux vraiment pas faire un effort ? Pour « Bwabwan » ? Euh… Pour Maman ? »
» Bfnon, bfon – G-g-g-glurps ! »
» Comment ça, « non » ? Tu te moques de moi ? »
» Bwoui, bwoui, bwabwan – G-g-g-g… Glurps ! »
Avis pour les masos : Mon trône est vacant, je viens d’abdiquer.     Â
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